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  • Writer's pictureTimothée Beaulieu

Les gangs de la Nouvelle-Angleterre – Plus de trèfles que de fleurs de lys?


À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, un film à toutes fins pratiques identique à Gangs of New York s’est joué dans les villes manufacturières de la Nouvelle-Angleterre.


Au lieu d’un scénario dans lequel des locaux et des immigrants irlandais se confrontaient, c’était des immigrants d’origine irlandaise et canadienne-française qui se faisaient la guerre. En passant, ce film est très bon - un des meilleurs de Scorsese!

C’est une histoire qui s’est jouée fréquemment aux États-Unis. Un groupe d’immigrants s’installe dans un endroit, s’enracine et défend ses acquis contre tous ceux qui tentent de venir « voler leurs jobs ».


Un article de la New England Historical Society se penche justement sur le sujet. Pour un aperçu, on n’a qu’à descendre à la section “French vs Irish”. C’était les Irlandais les méchants, ce qui peut paraître surprenant avec le regard de notre époque.


Aujourd’hui, on associe les Irlandais à la Saint-Patrick, à la fête, et à des bouillis de toutes sortes, tsé des choses le fun. Dans cet article, on voit qu’ils attendaient les immigrants canadiens-français avec la hache de guerre, ce qui ne nous fait vraiment pas plaisir… vous n’avez qu’à regarder le nom de famille de l’auteur de ce blogue pour comprendre.


« En 1872, alors que Philippe avait 16 ans, la famille Lemay arrive à Manchester pour améliorer leur sort grâce à la gigantesque usine de textile Amoskeag qui faisait travailler un très grand nombre de Canadiens-Français. Hélas, ils se sont heurtés aux Irlandais. Avant la construction de leur première église en 1873, les Canadiens-Français devaient traverser le quartier irlandais pour assister à la messe. Les garçons irlandais leur envoyaient de la pourriture, les battaient à coups de bâton et leur lançaient des pierres. » - NE Historical Society

De la pourriture et des pierres? Wow. Au moins ils ne lançaient pas des bouteilles de bière. Oups, trop vite…


« Un soir en 1880, Jean Blanchette, 23 ans et membre d’une fanfare, parlait français avec plusieurs autres membres de la fanfare au parc Victory du centre-ville de Manchester. Trois Irlandais ivres qui sortaient d’une taverne les ont entendu parler français. Ils ont alors attaqué les travailleurs canadiens-français qui, eux, ont riposté. Un des Irlandais est tombé sur une bouteille de fort qu’il avait dans sa poche et l’a brisée. Il a lancé la bouteille brisée à Jean Blanchette, lui tranchant la jugulaire. Blanchette est décédé 20 minutes plus tard. » - NE Historical Society

La question se pose : le mauvais traitement réservé aux Canadiens-Français de la part des Irlandais est-il à l’origine de la honte souvent ressentie par ce segment de la population de la Nouvelle-Angleterre quant à ses origines?

À l’époque des bottins téléphoniques, on ne pouvait pas en feuilleter un dans la plupart des villes de la Nouvelle-Angleterre sans voir une quantité astronomique de noms à consonance canadienne-française. On gage que peu d’eux s’identifie à leurs racines. Ils connaissaient leurs origines et celle de leur nom de famille, mais leur restait-il des traditions culturels? Parlaient-ils encore français? Il semblerait que la réponse a un lien avec l’intimidation vécue par les premiers arrivants, un cadeau de bienvenue que leur offraient les Irlandais et les anglophones des villes manufacturières.


Mettez-vous à la place d’un enfant travaillant dans la manufacture (eh oui, les enfants y travaillaient). Vous marchez dans des quartiers où l’on vous lance de la pourriture. On se moque de vous à cause de votre joli (quant à nous) accent. Vos aînés vous demandent de chérir des traditions provenant d’un endroit que vous n’avez à peine visité. Que feriez-vous à sa place?


Pour se protéger et pour protéger leurs familles, quelques-uns ont tourné le dos à tout ce que les liait à leurs origines canadiennes-françaises. Il est difficile de juger quelqu’un pour une chose pareille. C’est peu connu au Québec, mais le moment est peut-être venu qu’on leur raconte cette histoire.

Il y a des générations de gens aujourd’hui qui se définissent comme « Franco-American » qui, eux, n’ont jamais tourné le dos au fait français ou à leurs traditions, car dans biens des cas, rien de leur culture ne leur avait été transmis par leur parents.



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